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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Surenchère

22 Mai 2019 , Rédigé par Edgard Thouy

Délectation que de voir une affaire intime mise sur la place publique. Des journaux se spécialisent dans ce créneau, que l'on appelait avant la presse à scandales.

Pour n'avoir pas l'air trop morbide, la discussion doit prendre des aspects philosophiques, éthiques ou autre revendication grandiloquente.

Décidément, Vincent Lambert n'a pas fini de faire parler, non de lui qui ne sert que de prétexte, mais d'une dignité humaine devant la vie et la mort qui n'aurait pas de prix. Car il est indécent de calculer le coût d'une grande cause.

La famille, dit-on, se déchire. La presse se nourrit à satiété. On déclame, on incrimine, on s'indigne.

De son côté, la médecine ne cesse de mettre des performances toujours plus spectaculaires au service de causes que l'on dit sans issue… jusqu'à en forcer une.

On parle de soin, alors que l'organisme de l'homme vit par lui-même, quoique l'homme soit incapable de s'alimenter, boire, communiquer. Il vit, voilà tout, pourvu qu'on lui donne sa pitance.

Un SDF de luxe, en quelque sorte, qui dépend de la charité humaine.

Au coin de la rue, ça ne vaut pas tripette. Avec des blouses blanches, la cause devient nationale.

Depuis dix ans environ, la justice s'en mêle et s'emmêle. Les parties qui s'opposent comptent les points. On crie même à la victoire, façon match de foot. Mais on ne sait qui arbitre.

L'essentiel est de se saisir de ce que l'on ignore pour faire d'un malheur une grande cause.

Ah ! Si seulement il avait exprimé par écrit sa volonté ! Du coup, on va nous tancer pour faire notre déclaration préalable : quel destin désirons-nous pour un corps que notre humanité aurait quitté ?

Après tout, on nous dispense bientôt de la déclaration de revenus. Pourquoi pas en trouver une autre ? Et puis il y a celle qui consiste éventuellement à refuser que l'on prenne nos organes en kit de remplacement pour d'autres qui en dépendraient.

L'imbroglio est d'autant plus sombre que justice et médecine se renvoient la patate chaude, sans vouloir vraiment se dessaisir.

Décidément, la mort n'est plus une affaire privée !

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