Prohibition

Pourquoi tergiverser?

Si le tabac est mauvais, s'il est mal d'y toucher, si et si et si... alors, pourquoi ne pas l'interdire?

Le triomphe des ligues de vertu et de morale serait enfin célébré. Et comme on connaît les mérites et les résultats de la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis.

Réfléchissons un peu: D'un côté la truanderie s'emparerait du marché; mais, de l'autre, une nuée de jeunes en mal d'insertion y trouverait à bon compte des perspectives favorables.

On estime la contrebande actuelle à 25 % du marché. Ne manquent que 75 %.

Les buralistes se plaignent-ils? Après tout, ce ne sont que des dealers.

Et pourquoi chipoter, depuis des années, sur des mesurettes dont il faut comprendre l'insuffisance puisqu'il en faut sans cesse de nouvelles. On se croirait dans le monde de l'économie où les décisions se succèdent, se contrarient, se compensent, jusqu'à faire une jungle inextricable où seul le pécheur averti trouvera son chemin.

Rendre le paquet anonyme a quelque chose d'amusant. On récuse ainsi non point la marque, mais l'image de marque. Cela même que l'on considère l'identité de l'entreprise, ici comme ailleurs. Affadirait-on la marque, la singularité du produit qu'il faudrait alors s'inquiéter des méfaits de la banalisation.

Bon pour la traçabilité, tout çà!

Enfant, je me souviens qu'avec d'autres nous fumions des feuilles de menthe séchées, et jusqu'à des aiguilles de pin; le tout roulé dans les feuilles d'un papier toilettes bien moins moelleux qu'il n'est aujourd'hui. Fallait-il supprimer les pinèdes? Et interdire la vente de papier-cul aux mineurs?

Dans le même temps, j'en parlais il y a peu, on organise des salles de shoot.

Allez, fumeurs, encore un effort... et on vous fournira le matos.

Et puis, rappelons-la réalité statistique: Les fumeurs meurent plus tôt et leur fin de vie coûte à la sécu. Alors? Mais, en contrepartie, n'oublions pas que, mourant plus tôt, ils émargent moins au titre des retraites. Et les fins de vie sont invariablement plus coûteuses, même vertueuses au plus grand âge. Enfin, l'Etat a fait de bonnes recettes sur le dos de ces tabacophiles impénitents.

L'argument économique est favorable à la consommation de tabac. Le Canada l'a évalué.

La poule aux oeufs d'or n'a même pas les inconvénients de conduire à une fin de vie contagieuse.

Le premier vecteur pathogène nous vient des pathologies issues de l'alimentation et des conduites alimentaires.

Alors, à quand des rayons de grande surface chargés de produits tout blancs? Et puis, après tout, on s'habituera ainsi aux "couleurs" du monde hospitalier; avec un peu de couleur caca d'oie, pour égayer et rebuter à la fois!