Confusion

Passionnez-vous pour l'histoire des régions, plus grandes, plus petites, ainsi ou autrement.

Le prétexte est d'économie. Rassurez-vous, il vous en coûtera davantage.

Pourquoi?

Tout d'abord, le bénévolat va de pair avec la petitesse des communes. Autant dire que... puisque vous connaissez la sagesse proverbiale et le sens économe de nos élus.

Ensuite, il faudra aligner les uns sur les autres des employés des collectivités. Et ce ne sera pas à la baisse. Cela modifiera-t-il le nombre d'élus? Oui, à la hausse. Autant dire que les luttes d'influence y trouveront un terreau fertile. A vous de payer les graines.

Mais qu'importe. Rien n'a vocation de rester immuable. Et puis foutre du fric en l'air ne l'empêche pas de retomber. D'une manière ou d'une autre, un bénéfice quelconque apparaîtra ici ou là.

La confusion dans cette affaire provient d'une chose simple.

En fait, il ne s'agit que de la maille (la taille) d'une gestion administrative, et rien d'autre. Au mieux, on rationaliserait les décisions en discriminant ceux qui seraient fondés à y participer.

Par image, il s'agit de la taille du râteau. Vous pouvez le préférer plus ou moins large, selon votre jardinet, votre taille et l'effort dont vous êtes capable. Il ne s'agit que de ramasser les feuilles; faites à votre guise, votre convenance. Et vous verrez bien si vous trouvez la taille qui convient.

Faut-il faire une loi sur la largeur des râteaux, le nombre et donc l'espacement des dents? Ne doutons pas que, dans notre beau pays, on ne manque de crétins pour en jurer la nécessité et l'urgence.

Ainsi et par exemple, de grandes entreprises organisent leur structure à leur guise pour couvrir le territoire qu'elles desservent. Nul ne s'en soucie. Ou encore, libre à la gendarmerie, l'armée ou la police d'organiser les centres de commandements et de décision. Qu'ils s'organisent au mieux.

Mais, en matière de région, on produit la collusion et la confusion identitaire. Comme si vous deviez être moins breton selon le regroupement administratif, ou moins auvergnat, ou moins alsacien... etc. On fait comme si vous aviez un mot à dire, comme si vous étiez concerné par une pure et simple affaire de gestion... qui se présente d'ailleurs comme une rationalisation de la gestion.

L'Etat et les politiques sont les seuls monstres croyant que, lorsqu'ils plantent une châtaigneraie, rien d'autre n'y poussera que châtaigniers. A leurs pieds, point d'herbe, ni champignon, ni fougère ni autre espèce. On fera par ailleurs spécifiquement des champs de cèpes, et d'autres de fougères...

Etonnez-vous après ça que rien ne pousse!

On n'a donc pas fini de payer des jardiniers venus assouvir de folles monomanies. Ils feront leur possible pour que tout soit au carré.

Il est absurde de croire qu'une modalité administrative assigne mécaniquement une identité.

Cela arrive, pourtant. Regardez comme certains s'attachent à leur département, qui ne fut jamais créé que par méfiance révolutionnaire à l'encontre du pouvoir des régions naturelles, et donc du pouvoir local.

Alors, comme toujours, c'est de pouvoir qu'il s'agit, de son abus, sa paupérisation maniaque et servile.

Chacun est libre de ses appartenances. Ou devrait l'être. Le fantasme de toute puissance des gens de pouvoir n'est que la contagion de l'heure: lorsqu'on ne sait plus quoi faire.