Raspoutine

Il y a 98 ans mourait Raspoutine, tué à quatre reprises successives avant que d'en mourir.

D'abord empoisonné, il se repaît et boit du poison que l'on disait fatal pour 20 hommes.

Le comploteur, excédé et impatient devant tant d'obstination à vivre, l'occit pour le compte à coups de révolver, avant de jeter la dépouille à la cave.

Tel un revenant, le supposé mort se dresse contre qui vient le voir. Ce qui lui vaut une deuxième exécution.

Pour faire bonne mesure, et se débarrasser du fardeau, on le jette dans la Neva, évidemment glacée.

Plus tard, on le déclarera noyé. Le colosse avait donc survécu à trois exécutions.

Pourquoi parler d'un tel personnage?

Pour la date anniversaire, d'abord. Par rapprochement phonétique ensuite, en pensant à Poutine, qui ne devrait pas décrier son invulnérabilité.

Pour le destin d'exception? Certes. Il n'est pas donné à tout le monde de se faire passer pour moine pour porter la débauche au plus haut niveau de la cour de son pays.

Je préfère tout simplement une double leçon de chose.

La première exprime le fait qu'il est souvent plus difficile de se défaire de ses ennemis qu'on ne le pense. Auquel cas, morts ou vivants, ils pourraient en sortir grandis.

La seconde revient à penser que si vous deviez être victime, il n'y a pas de raison de disparaître prématurément, ni même au moment que l'on a mis en scène.

Au fond, Raspoutine est un insolent. Je dirais même un résistant.

En ces temps où l'on nous invite, de façon certes sélective et quasiment ciblée, à l'indignation, nous pourrons toujours méditer ce double enseignement selon lequel l'éradication du mal n'est pas si aisée qu'on pense, et surtout qu'il n'est pas vain d'espérer, même lorsque les nuages s'accumulent.