Ena-mouré

Qui les aime?

Personne. Qu'importe, puisqu'ils s'aiment assez tout seuls.

Un d'entre eux, interviewé disait l'excès de critiques et leur impropriété. De son point de vue, la responsabilité des maux de la France incombe aux politiques.

Et c'est quoi, le trajet du monsieur?

Il a fait l'ENA, et il a été fonctionnaire... avant de se reconvertir dans la finance privée où, selon les dires, il prospère avec ceux qui constituent un happy few argenté.

En somme, et il le disait clairement, vous vous formez d'abord, et après, vous bossez. Ce qui signifie que vous faites vos conneries lorsque vous êtes fonctionnaire, et lorsque vous cessez d'en faire, vous allez vous gaver ailleurs.

Le brave homme n'a pas une seconde réalisé que son parcours est précisément à l'image de celui de ses con-génères: ENA, fonction publique, politique ou finance. Et on se passe la main ensuite en pantouflant entre finance et politique, quitte à faire un détour par je ne sais quelle grosse entreprise en mal d'affection.

Il est donc conforme au système.

Le point remarquable est qu'il ne conteste pas que les choses soient dénaturées désormais. Mais, ce n'est pas l'ENA, mais donc ceux qui en sortent; pas lui, mais ses copains.

Du reste, la directrice de l'ENA, qui fait "intelligente" en première langue, énonce que l'ENA souffre des mêmes maux que la société française, dont l'enseignement; Le filtre n'est pas chez elle, mais en amont.

Comme quoi la première constante de la formation de l'ENA est claire: "C'est pas nous!"

Mais, en attendant, laissez-nous le pouvoir et envoyez le pognon.

Voilà pourquoi il faut fermer l'ENA. Selon sa directrice, cela n'apporte rien de différent ni d'original, et selon ses anciens élèves, la gâche est bonne, mais seuls les copains font des conneries.

On s'en fout, les voyous sont en prison.

Entre gens du même monde, il n'y a d'ailleurs pas lieu de se fâcher.

Vous pouvez donc voter pour ce que bon vous semble.

Rappelez-vous simplement que la majorité des hommes politiques vient de la fonction publique et que le nombre des énarques n'a cessé d'augmenter.

Ce n'est qu'un impur hasard si, dans le même temps, l'économie s'est dégradée, mais aussi tout le rapport de chacun au social, et pas seulement le rapport social.

Repensez au mot de Coluche sur les technocrates: en leur confiant la gestion de désert, on se condamne à devoir bientôt acheter du sable.