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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Le sens de l'histoire

25 Septembre 2017 , Rédigé par Edgard Thouy

Je veux parler ici du sens qu'on lui donne, bien moins partagé qu'on ne croit.

Stéphane Bern et Emmanuel Macron inauguraient devant une classe primaire leur commun goût de l'histoire, disant que c'est grâce à l'ordonnance, ou édit, de Villers-Cotterêts que l'on parle français et que, par conséquent, on formerait une communauté.

Une historienne s'inscrivit aussitôt en faux, puisque ladite ordonnance imposa la rédaction des actes en français (alors écrit "françois", comme "François" Ier, auteur de l'édit), et non l'usage exclusif du français.

Pourtant l'interprétation est partagée par d'autres, constituant une interprétation en fixant le repère d'une date significative. Comme quoi une chose peut être inexacte, au sens strict, sans être fausse, au sens plus général et commun.

Retenons aussi que les articles 110 et 111 de cet édit restent en vigueur, constituant les plus anciens textes de lois encore d'actualité. Pour sourire, répétons que l'article 110 souligne que les textes de loi doivent être clairs et lisibles, c'est-à-dire intelligibles par tous (raison pour laquelle on imposa l'abandon du latin). 

Autant dire que les textes fumeux que sortent nos intelligents gestionnaires sont illégaux !

Mais, comme ils l'ignorent...

Pour l'essentiel, le reste concerne l'obligation faite aux prêtres de tenir désormais des registres de baptême devenant de facto registres d'état-civil.

Voilà donc une nuance quant au sens. Cet edit imposa l'enregistrement, et la tutelle du français à tous ceux qui avaient le pouvoir d'édicter et rédiger des actes. Il ne s'agissait pas tant d'imposer le français que la centralisation et le pouvoir de l'Etat, la normalisation générale.

Du reste, il s'agit de rédiger en "langage maternel françois". Ce qui exclut votre mère et le patois local ou le roman vulgaire communs à tous. On lui substitue une mère officielle.

Alors apparaît le glissement de sens, commun au chef de l'état et son copain : Ils ne voient pas la différence entre l'unicité d'un pouvoir central qui s'impose et la constitution d'une communauté par la mise en commun d'une langue.

Il fallut des siècles au pouvoir pour éradiquer les langues communes et locales, et la république y apporta largement sa part. 

Confondre le droit, sa détention avec la réalité commune a quelque chose de savoureux. Tant de gens croient qu'interdire construit du lien.

Et le pire est à craindre surtout si les deux commentateurs de l'histoire sont sincères. Ils n'ont pas conscience d'interpréter selon leur croyance, et croient en l'évidence imparable de leur propos.

Le propre de l'histoire est que jamais on ne s'y réfère que par les interprétations que l'on en donne, qui trahissent les croyances, convictions et fantasmes de celui qui parle.

L'universel sert d'alibi au particulier qui s'ignore.

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