Piaf

Que voilà un sujet sérieux en notre époque futile.

Un piaf, c'est un moineau. Une espèce commune, me direz-vous. Alors, où est l'intérêt ?

Une chose au moins mérite de retenir l'attention, un paradoxe. Cet oiseau se tient plutôt en ville, à l'inverse de la plupart d'autres espèces. Il occupait donc les capitales.

Or, depuis des années, des capitales européennes ont vu la population diminuer, de plus en plus. Si tant est qu'on puisse diminuer de plus en plus.

Vient le tour de Paris, où la population de piafs a perdu les trois quarts.

Pourquoi ? Encore la pollution, direz-vous !

Pas sûr. Résistant et omnivore, le volatile avait pourtant de quoi se maintenir.

Mais on avance la diminution de moustiques et autres insectes, indispensables à la croissance des jeunes, qui ne sont pas Vegan. Ou encore les méfaits de la rénovation, puisque les anciens quartiers ont été refaits. Ou bien à cause de l'isolation. Car l'espèce a besoin de se nicher, se protéger, et trouver des trous, ici et là.

Pourquoi ne se trouveraient-ils pas de la place dans les arbres ou les parcs ? D'autres espèces y diminuent aussi.

Ah ! Qu'il est loin le temps où le crottin sur les pavés assurait les victuailles !

Au fond, ce sont des victimes du progrès, de l'hygiène, de la finition... en gros de l'amélioration des choses... à d'autres points de vue.

Et voilà que ce qui va mieux fait des victimes.

Si une chanteuse se mettait à chanter dans les rues, espérant collecter les oboles, on ne l'appellerait sans doute plus Piaf, même si elle se prénommait Edith.

Qui, de nos jours, laisserait des enfants jouer dans les rues des villes ? Même en limitant la vitesse à 30 km/h. Même et surtout d'ailleurs dans les zones piétonnes où il ne faudrait pas chahuter le touriste ni bousculer les étalages.

Sans poulbots ni piafs, les rues seront bien propres.