Trop ?

Le mieux est l'ennemi du bien.

En matière d'hygiène, l'hygiénisme devient son contraire.

L'idée n'est pas neuve, pas plus que le débat. L'original est que des hygiénistes en conviennent.

Une image le disait mieux que de longs discours : Alain Cuny se lavant compulsivement les mains dans le film de Francesco Rosi : "Cadavres exquis".

Vouloir tout maîtriser n'est plus seulement un fantasme ni une faute, mais une pathologie morbide.

L'impuissance gagne, du seul fait de la démesure de l'idée que se font beaucoup de la volonté.

A croire aux fadaises, on ne grimpe à l'Olympe des illusions que pour mieux dégringoler.

Catastrophisme ?

La mesure suffit au discernement. La vie microbienne n'est pas hostile ni adverse à la nôtre. C'est selon. Et aussi une question d'équilibre.

Car nous ne vivons qu'à être entourés de vie, en et hors nous, en et hors de notre corps.

Lui-même d'ailleurs est notre meilleur média et notre ambassadeur au monde.

A force de concélébrer l'image du corps, le déni du corps, de sa réalité, de sa consistance, triomphe. 

Si solution il y a, elle n'est ni du côté du jogging, ni du côté de la salle de sports, ni même du côté du sauna.

Le corps est une école dont nous sommes mauvais élèves. Mauvais objet de culte, il a besoin de culture, d'assiduité, de diversité et d'humilité.

Car tout du corps ne se décide pas, nonobstant les prétentions chirurgicales. Le corps est école d'acceptation. Voilà sans doute la raison pour laquelle on s'en détourne.

Au fond, entre le corps et la tête, on peut craindre un divorce. La seconde entend dominer le premier, alors qu'elle n'en est qu'une partie ; même la plus éminente.