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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Fake

29 Mars 2019 , Rédigé par Edgard Thouy

Se fâcher contre les anglicismes ?

Pourquoi pas. Mais n'est-ce pas un peu stupide ? Aussi stupide en tout cas que la tendance à y recourir.

Musique et chanson ont mené l'anglicisme au quotidien, et la première langue parlée ne l'est peut-être pas seulement par hasard. Son euphonie et sa souplesse sémantique facilitent son usage.

Rien de cela n'est à confondre avec la manie des pisse-copie de recopier, répéter, reproduire. Pour paraître à la mode, il faut se joindre à l'unisson. Sinon, on passe pour ringard.

L'expression "fake-news" est donc à la mode. L'avantage au fond est que personne ne sait au juste de quoi il parle, faisant mine d'être avisé.

Le mot se traduit au plus simple par "faux, fausse". 

Deux syllabes également, de sorte qu'on ne trouve pas d'économie salivaire. La sonorité anglaise claque plus. Nous l'avons dit, cette langue est faite pour être parlée. Beaucoup plus d'ailleurs que pour savoir ce que l'on dit.

Le latin est plus pinailleur, et le français en est expert.

On ne fait ainsi pas la différence entre les fausses nouvelles et la désinformation, ou je ne sais quelle manipulation. Car le problème n'est pas qu'une nouvelle soit fausse.

A l'époque où on ne savait guère lire, dans notre beau pays, le colporteur et le garde champêtre se partageaient le pouvoir d'informer. Leur version était ainsi tenue pour vérité, puisque l'occasion était rare de savoir ce qui se passait ailleurs.

On apprit ainsi dans les campagnes la révolution française par ses différentes étapes, plus qu'on ne la fit.

A notre époque de sur-information où l'on ne sait pas lire entre les lignes, condamné que l'on est à se conformer à la teneur "officielle" du message, rien n'est plus comparable.

Le bon Goebbels doit se goberger, lui qui inventa l'art et la manière de déguiser les vessies en lanternes.

Le terme associé, "news", fait croire à la nouveauté. Alors que rien n'est plus ancien que le mensonge.

Alors, dénoncer la crédulité ? Comme si elle était pire aujourd'hui qu'hier.

En réalité, on ne colporte plus aujourd'hui les marchandises, que l'on se fait livrer, mais les on-dit. En fait, on radote. L'anglicisme nous permet de ne pas le reconnaître clairement.

Amusons-nous de cette manière d'utiliser un terme étranger pour évoquer ce qui dérange.

Ainsi nommait-on en France "capotes anglaises" ce que les anglais désignaient par "french letters".

Mais que dire de l'affectation psittaciste qui noie le vrai dans le faux, et le réel dans l'imaginaire ?

Ah ! Si seulement le mensonge était anglais, nous serions francs !

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