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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Sexe ou sexualité ?

27 Juillet 2020 , Rédigé par Edgard Thouy

Le bon goût donnerait à la seconde l'ascendant sur le premier. Le soupçon de vulgarité cède devant l'illusion de la romance.

Et pourtant !

En ces temps où abondent les propos distinguant le consentement, et donc l'intégrité de la personne, de la reddition, assortie bientôt de doutes douloureux, on peut certes incriminer l'abus et tenter de cerner jusqu'où il peut aller, par delà les personnes qui le commettent, parfois de bonne foi.

N'en déplaise aux "fleurs bleues", la sexualité est affaire de grandes personnes, parce qu'elle est une confrontation intime à l'autre en même temps qu'une découverte de soi et d'une approche incontrôlée de quelques élans pulsionnels.

Rien plus que le désir n'est inégal. Au moment où il s'impose, c'est l'emportement qui suit, forçant la bienséance par la survenue d'attirances venant d'un soi méconnu pour un(e) autre que la fascination nous interdit de voir comme un être à part entière.

Point besoin de passion pour devenir aveugle. La séduction parfois suffit, comme si venait indéniablement d'autrui un appel auquel on n'aurait fait qu'obéir. On pare l'autre du charme qu'on lui trouve, devenu exception à saisir comme miracle que seul le doute transformerait en mirage.

Une attirance mutuelle ne dit rien de ce que comporte le désir de l'un, comme d'ailleurs celui de l'autre. Un même élan unit illusoirement d'un côté l'un porté par la grâce, de l'autre quelqu'un qui se jetterait à son insu dans le vide.

Le désir n'est ni bon ni mauvais, hors de ce qui lui donne consistance et durée. Non point qu'une union doive être toujours pérenne, mais une rencontre qui ne trouverait l'autre n'en est pas une.

Qui d'ailleurs supporterait de n'être pas en réalité ce qui faisait le rêve de l'autre. Injuste déchéance de se sentir choir, abandonné, délaissé.

Les enfants aiment, et pour eux, tout investissement les porte. Autant dire que la sexualité n'est pas pour eux. Une image simple de réciprocité suffit à les convaincre que l'amour est partagé, commun.

Alors que la sexualité fait basculer l'attirance dans l'insondable d'une quête qu'on découvre au fur et à mesure. Point de place pour la raison. Le raisonnable n'a qu'un goût de lassitude.

Il n'y a pas de sexualité paisible, et chacun risque d'apprendre, éventuellement aux dépens de l'autre, ce que soulève sa propre énamoration. Il n'y a pas de désir immobile. Paisible ? Voire.

Le monde de la sexualité impose de grandir, et toute expérience en fait éprouver l'incertitude. 

Rien de commun avec l'univers des civilités, la vie sociale, où notre identité policée et coutumière suffit à faire croire que nous sommes ce que nous paraissons.

La multiplication des doléances actuelles peut illustrer la multiplication des pervers de tous ordres. Mais il se peut aussi que la banalisation du sexe ait conduit à la sexualité beaucoup qui n'y étaient prêts, devenus apprentis sorciers, ici victimes et là bourreaux.

S'il ne s'agissait que de sexe, on pourrait légiférer sur les prestations. Mais lorsque le sentiment s'en mêle, ce sont des élans singuliers, inattendus qui émergent. La quête existentielle porte une violence dont le défaut de l'autre devient un déclencheur.

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