Michaël Lonsdale

Il y a des gens qui paraissent traverser la vie et le monde comme si de rien n'était.

Il y avait Philippe Noiret, mais aussi Michaël Lonsdale.

Leur physique n'aurait dû les laisser inaperçus, par leur taille et leur style. Et pourtant !

Ni l'un ni l'autre ne furent jeunes premiers. Furent-ils d'ailleurs jeunes, ou encore premiers ?

La différence de succès les sépare. La qualité de leur voix les rassemble.

Michaël Lonsdale naît entre deux langues et plusieurs pays. Une difficulté pour l'enfant et une aubaine pour l'adulte. 

L'homme est hors d'âge, comme hors d'atteinte. La mode n'existe pas. Il va son chemin, avec discrétion alors que beaucoup connaissent son visage, sans doute mieux que son nom. Sa voix aussi.

Il arrive tôt au spectacle, dont il goûte un peu tous les genres : théâtre, cinéma, télévision, et ces autres activités où d'autres comédiens se perdent, entre besoin alimentaire et éclectisme.

L'homme paraît grave, échappant aux unes sans doute parce qu'il n'était pas sulfureux.

Un acteur croyant ! Une plaisanterie ?

Il fut aussi l'homme d'un seul amour. A défaut que celui-ci fût possible, aucun autre ne serait.

Une forme paradoxale de fidélité. Involontaire, comme d'habitude. On est comme on est !

Sur le tard, il vient à la peinture, avec un certain succès. Mais la discrétion, toujours.

Décidément, l'homme de scène n'est pas fait pour le spectacle hors des représentations. Il milite pourtant pour son art, s'associant volontiers aux initiatives qui servent la culture.

Voilà le contraire de l'homme à la mode. Le contraire d'un agité. Comment faire moderne lorsqu'on est, fondamentalement, fidèle ?

Le passant vient de s'en aller, après une longue carrière, dense, fournie, discrète.

Non ! Décidément, notre temps n'est pas celui de ceux qui servent leur art.