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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

La berlue

30 Avril 2021 , Rédigé par Edgard Thouy

Comme on le sait, les journalistes sont des gens sérieux qui nous informent de manière pluriquotidienne, en particulier par les journaux télévisés.

Je devrais être honteux de ne pas accorder à ces grands moments de vérité toute l'attention qu'ils méritent.

Mais voilà : cela coïncide avec le repas, et l'attention se partage avec celle que mérite l'assiette.

Oreille distraite et regard intermittent permettent de se faire une idée lacunaire de ce qui se passe, autorisant les déformations que la distraction conforte. L'imagination supplée le défaut d'attention.

Voilà tout à coup que m'apparaît en plein écran un homme torse nu, assis dans le siège d'une maternité où vient de naître l'enfant qu'il tient dans les bras, tout contre lui.

L'égalité entre hommes et femmes a donc spectaculairement progressé : Ce n'est plus la jeune accouchée que l'on voit, friande de proximité peau à peau, mais un homme qui vient sans doute de souffrir de tout son être les péripéties de la naissance.

L'image d'Epinal associait plutôt la jeune mère, poitrine pudiquement dissimulée, à moins qu'on nous présente une des premières tétées du nourrisson. 

Et là, c'est un homme au crâne dégarni que je vois materner. J'ignorais que les maternités promeuvent désormais le contact charnel imposant au père de pouvoir se dévêtir pour y satisfaire.

Je savais, et approuvais, que l'on fasse suivre l'accouchement de la pose de l'enfant sur le ventre maternel. Je n'entrerai pas dans le détail des vertus de ce geste apparemment simple aux conséquences pourtant vraisemblablement importantes et sensibles.

S'il s'agit de remettre l'enfant tout contre l'endroit d'où il vient, craignons qu'en le confiant au père on ne le voie posé tout contre les testicules. Au risque d'un soupçon de pédophilie.

Ai-je rêvé ? Oh ! Et puis après tout, je ne suis sans doute plus qu'un vieux con qui croit à la différence des sexes. Le monde a changé, et pas moi. Il a changé sans moi.

A moins que, tout bonnement, ce ne soit la berlue, cette déficience visuelle qui nous fait voir ce qui n'existe pas. Ou pire ? Une hallucination, une bouffée délirante venant achever de me faire perdre tout jugement.

Perdre tout jugement en tout sens du terme. Imaginez un peu que, dans la folie soudaine qui s'est emparée de moi, je trucide quelque voisin, ou même voisine, féminicidant au mépris de la vertu moderne.

Je n'aurais plus ensuite qu'à espérer que des experts viennent trouver les raisons de mon irresponsabilité qui me conduirait à l'hôpital plutôt qu'en prison.

Alors, je pourrais peut-être me diriger vers un service de maternité pour savoir si, oui ou non, les mâles sont bien devenus nourriciers. Après tout, pourquoi donc maintenir le sexisme de la Madone alors que rien n'interdit qu'on prie LE vierge ?

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