Avant les bonnes résolutions

Qui n'a songé à effacer l'ardoise, espérant en retour être absous de ses fautes ? Tradition chrétienne, me dira t'on, Le repentir pourrait n'être pas son exclusivité, pas plus que le feindre pour apaiser sa conscience et assurer ses arrières.

Avoir de bonnes résolutions ne saurait être condamné. Ce serait plutôt leur abandon qui mériterait la critique. Hélas, elles ne tiennent qu'un temps.

On m'opposera à juste titre que la "nouvelle" année commence de plus en plus en septembre, la notion de rentrée scolaire ayant pris l'ascendant sur le reste. Restons-en cependant aux traditions.

Gardez-les pour demain, puisque faire et adresser des vœux revient à faire montre d'altruisme et de bonté. Vous aurez la journée pour méditer, et préméditer vos appels, dès minuit passé.

Du reste, puisque Saint-Covid et les diables qui nous gouvernent ont frappé de restriction la démesure que des fêtards à la peine espéraient retrouver, vous aurez du temps pour relire votre liste.

Aujourd'hui, après tout, vous pouvez en profiter pour commettre vos derniers coups bas, la période malgré tout festive atténuant un peu votre éventuelle responsabilité. Vous pourrez toujours dire : "Mais je plaisante", ou "je plaisantais".

Et puis vous gardez peut-être un peu d'amertume après un Noël aux lampions en veilleuse. Alors, autant vider votre bile avant de passer à table.

La litote et l'ironie constituent des moyens de choix pour nuire à quelqu'un que l'on fait mine de féliciter. En ces temps procéduriers, je vous en recommande l'usage.

Attention toutefois à ne porter atteinte à aucune minorité ! Ne faites pas de vagues, à l'heure où l'on commence à ne plus compter celles de l'épidémie.

Au fond, la susceptibilité croît, de nos jours. On devient acariâtre. A moins que ce ne soit que soucieux et envieux.