Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Le baiser

21 Décembre 2021 , Rédigé par Edgard Thouy

Désormais c'est l'hiver ! Redoutons nous encore sa froidure alors que la terre se réchauffe ?

Alors que la nuit n'aura jamais été si longue, la venue de Noël promet le renouveau, puisque dès avant Jésus on célébrait le moment où le jour recommence à grignoter le crépuscule.

La période festive s'étaie sur la connaissance ancestrale du renouveau, promue et ritualisée par sa version chrétienne. En ce monde laïc et pluriel, la fête devient tant familiale que sociale, confortée par la vertu du commerce qui a succédé à celle des âmes.

L'âme était un souffle, peut-être venu des dieux, ou du ciel. Aussi, tout ce qui s'en approche était indice de proximité, de rapprochement, d'entente. Le souffle se hume de près, l'embrassade s'achevant joue contre joue. 

Du reste, rien plus que la bouche ne nous rattache à la vie. Elle en fut le début jusqu'à ce que dernier souffle s'en exhale à la fin. L'alliance se parachève en baiser, entre puissants du monde, ou encore entre chrétiens qui se reconnaissent.

Les lèvres ne se desserrent pas lorsqu'elles rencontrent les lèvres, signe de réciprocité. Sinon, c'est la main qu'on baise ou une autre partie du corps, devant lequel on se prosterne éventuellement. L'allégeance se signe d'un baiser.

On doit sans doute au romantisme d'en avoir fait un symbole, et le nez comme la bouche recherchent l'être aimé, poursuivi de bécots, comme on voit ces oiseaux échanger leurs coups de bec.

Dès avant, le baiser trouva place dans d'amoureuses rencontres, puisqu'on en témoigne aux Indes, anciennement, quelques siècles avant notre ère. Mais une place exigüe. Il fallut que le désir ose l'impudeur pour que soit franchi le pas de la retenue. Ronsard en fut plus l'artisan que le témoin, flattant la promesse intime. Alors les lèvres s'entrouvrent comme un prélude à d'autres pénétrations.

Sada avait sauté le pas, sautant dans l'érotisme jusqu'à ce que le baiser prît son sens vulgaire.

L'alliance eut aussi sa promesse amicale, les lèvres glissant sagement vers les joues.

Toutes les cultures n'ont pas sacrifié à cette habitude, devenue coutumière à la faveur d'un corps à corps hédoniste.

Tout cela est-il bien prudent, bien raisonnable. 80 millions au moins de microbes se partagent.

Le Covid nous ramène à ces époques lointaines de la rareté du baiser. Le shake-hand (qui fut d'ailleurs un des dérivés du baiser dans une version sociale) lui-même est devenu suspect.

Décidément, le corps à corps est devenu suspect. Du reste, ne vous y risquez pas sans un consentement écrit pour vous prémunir contre le risque de poursuites ultérieures.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article