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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

L'Allah lie

27 Juillet 2016 , Rédigé par Edgard Thouy

L'assassinat du prêtre de Saint-Etienne du Rouvray m'évoque le souvenir de celui des moines de Tibhirine, avec la restitution grandiose de simplicité du film de Xavier Beauvois, "Des hommes et des Dieux".

Le film resitue les choses dans une perspective, et pas seulement un contexte, grandement aidé par une interprétation sans défaut d'acteurs inspirés. Loin du sensationnalisme, pleurnichard ou revendiquant, cette oeuvre transpire le respect adressé à ces hommes cherchant l'au-delà dans le quotidien. Il n'y a ni thèse ni haine, mais seulement une narration aux allures de parabole.

Un prêtre, lui, a une mission quelque peu différente. Il ne s'est pas retiré du monde, mais s'y trouve assigné à une tâche. Comme en toute chose, les vocations sont inégales. Mais la statistique ne reflètera jamais la valeur du sens, et moins encore du symbolisme.

Nous ne quittons pas l'ordinaire, le quotidien, le commun. L'étymologie même du mot religion renvoie au travail consistant à relier les hommes entre eux, concrètement.

Les hommes d'église ne sont cependant pas meilleurs que les autres. Tout est dans la manière dont ils sont inspirés par un sacerdoce ; manière certainement inégale, autant qu'incertaine.

Si l'Eglise est riche, ces hommes ne le sont pas. Ce n'est pas une vertu, mais une condition. Il est sans doute plus facile de lever les yeux lorsqu'on se trouve auprès de ceux qui sont en bas.

Ceux qui sont en haut ne lèvent les yeux au ciel que pour le prendre à témoin lorsqu'ils sont excédés.

Le reste est affaire de conviction. A chacun les siennes.

Une fois fait ce détour, la différence éclate : un assassinat vulgaire et dérisoire.

Sans doute leurs auteurs ont-ils pensé faire un coup d'éclat. Comme si immoler un serviteur portait atteinte au maître. Quelle dérision !

Si j'étais animé de ferveur chrétienne, je prierais Dieu d'éclairer l'âme de ces égarés.

Je ne sais si un dieu en vaut un autre, ou s'il ne s'agit, après tout, que de représentations différentes d'un seul et même dieu. Mais il me semble que ceux qui se vouent à leur dieu expriment la nécessité d'une ancre jetée dans les nuages.

Du reste, ici et là, les religieux ont un parcours, quand bien même il diffère d'une foi à l'autre.

Voilà une autre différence avec les assassins : eux représentent l'impasse. Ce qu'en religion on nomme blasphème. Car invoquer Dieu dans l'acte qui l'insulte en est un.

La chrétienté fit jadis des ravages. Mais cela n'atténue rien de ceux d'aujourd'hui.

Et, lorsque des pitres qui se disent laïcs crient à la guerre civile et à l'ennemi intérieur, on se dit que le drame ne doit pas tant aux dieux qu'aux hommes.

Lorsque l'on jette sur les dieux la lie qui macule ses chaussures, on n'arrive au fond qu'à exciter des monstres qui se réfugient dans le fantasme mortifère pour assouvir leur besoin de pouvoir. Leurs imprécations entendent faire oublier leurs échecs, leur vanité, leur outrance.

L'écart décidément ne cesse ne grandir entre les hommes et les dieux.

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