France, terre d'asile

Avons-nous retrouvé le chemin des lumières ?

Nous voici à nouveau précurseurs de la conquête d'autres mondes, non par la conquête guerrière ni civilisatrice et expansionniste, mais par l'expansion de l'intelligence qui réinvente le monde en le repensant.

Nous voici fers de lance d'un monde alternatif où la compétitivité serait définitivement ringarde, où l'on ne compterait plus ses heures ni celles des autres. Mesure-t-on le temps passé à faire un bouquet ?

N'ayons plus peur; finies la modestie et la ratiocination. Osons dire ce que nous sommes et nommer la voie que nous ouvrons.

Nous sommes les pionniers d'un avenir de quiétude aux valeurs différentes, où l'espérance de vie serait ressentie au quotidien, et ne servirait pas seulement à calculer les primes de contrats d'assurance.

Nous n'avons pas découvert l'Amérique, mais lui avons offert la statue de la liberté.

Nous n'avons pas offert l'avenir au Mexique. Nous n'avons émancipé ni la Louisiane ni l'Acadie.

Notre vocation profonde est ailleurs, comme le talent inhérent à notre culture. Nous faisons dans la pensée, la culture et l'idéal humain. Témoin notre si belle révolution, chantier des libertés où le nombre des victimes chues des échafaudages n'a fait que souligner la hauteur de l'ambition.

Il n'y a aucun mensonge au pays de la novation. Sapin n'est pas une crapule, mais un penseur du nouveau monde. Porcinet n'est pas un goret menteur mais le chantre de la vie en rose.

Quelques grumeaux cependant résistent dans la semoule. Le Sarko agglutine comme au fond des paquets de victuailles trop longtemps conservés.

Assumons de voir l'avenir là où nous réussissons plutôt que nous attarder à regarder de loin les batailles dont notre grandeur d'âme nous a détournés.

Ne me croyez-vous pas ?

Regardez ! Tout simplement. Nous excellons aux jeux paralympiques. Notre magnificence éclate à la gloire des victimes. Nos centres de rétention inaugurent, et l'accueil des migrants préfigure l'ouverture de nos bras aux exclus. Ils ont déjà conquis nos cœurs.

Fi des Mercédès et autres engins d'exception, au luxe ravageur. Tout derrière José (Bové) et Ségo ! Qu'augmentent les autoroutes pour abaisser les dommages des énergies fossiles.

Exclus de tous pays, rejoignez le nôtre !

Je me demande même, au fond, s'il ne faut pas refuser les retraités nantis, tant cela comporte des relents d'anciens privilèges. Vade Retro, Bil Gates et consorts.

Notre main tendue et nos bras ouverts ne concernent que les damnés de la terre.

Il n'y aura plus qu'à mettre quelques grilles aux frontières, et des cordons de police pour que notre pays d'asile, fût-il psychiatrique, préserve son audace virginale d'un environnement délétère.

Reste à savoir si ces protections interdiront d'entrer... ou de sortir.