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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

Classes moyennes

15 Avril 2019 , Rédigé par Edgard Thouy

On désignait ainsi l'ensemble de ceux qui s'en sortaient. Selon leur niveau, dans cette même classe, ils pouvaient s'offrir plus et mieux que l'ordinaire.

En restait-il à la fin du mois ? Oui pour les mieux lotis. Pour les autres, il fallait parfois faire attention, quitte à différer quelquefois un achat. Et puis, pour les biens plus importants, il faudrait un crédit. Mais il serait accepté, puisque le revenu moyen était régulier, quasiment assuré ; fiable, en un mot.

Ces gens-là ne risquaient pas de partir dissimuler en Suisse un revenu dont le montant ne pouvait intéresser réellement aucun banquier, aucun financier.

Tout au plus, après quelques années, un crédit pouvait-il conduire à la propriété. Celle d'un appartement, par exemple. Quitte, lorsqu'on ne pouvait s'en offrir un assez grand pour s'y loger avec sa famille, à se rabattre sur un studio ou un deux pièces à restaurer. Quelques week-ends de travail, et l'on finirait bien par louer, puis revendre.

Ainsi tentait de s'élargir un revenu en quête de patrimoine. Un jour peut-être enfin, on arriverait à s'offrir l'appartement rêvé, ou encore une maison espérée. 

Les classes moyennes n'ont cessé de s'ancrer plus avant dans leur vie, c'est-à-dire dans l'univers social qui était à la fois une appartenance et le seul horizon tangible.

Aussi, l'impécunieux Etat a compris l'intérêt de cette classe serve, propre à payer sans toujours avoir droit à des aides, plus souvent données pour faire taire que pour promouvoir.

Les classes moyennes sont devenues le modèle du couillon. Point d'évasion, ni d'évasion fiscale à redouter, mais une ou des bases taxables assurées. Qui plus est, lorsqu'on s'offrait enfin un nouveau bolide, l'univers des contredanses allait alimenter l'escarcelle étatique.

Mais voilà, tout comme il n'est d'âne qui puisse tout supporter, les classes moyennes ont vu leur moyenne diminuer. Et, comme le sait tout écolier, avoir la moyenne ne permet plus que de passer de justesse.

Les classes moyennes n'ont plus eu les moyens, alors que la "moyenne" des revenus s'approchait tendanciellement à portée du SMIC. Désormais, on parle du médian, le français du milieu, qui n'est qu'à quelques dizaines d'euros du SMIC, alors que le défaut d'aide et d'allocations le met bientôt en équilibre précaire.

Au fond, on a dû donner à l'ENA quelques notions sommaires d'agriculture. Ainsi, une vache laitière donne d'autant plus de lait que la traite est régulière. Le gage d'abondance résulte de la servitude.

Devenues vaches à lait, les classes moyennes n'ont su hélas faire de même.

On ne va pas en faire un fromage, me direz-vous !

Sauf que certains craignent que les choses n'aillent de mal en pis, voire jusqu'à un pis-aller ; alors que les pis à lait regrettent peut-être la main qui les caressait plus tôt que la succion pneumatique qui les pompe.

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