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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

La plainte en politique

26 Mars 2021 , Rédigé par Edgard Thouy

La pratique me semble devenue fréquente qu'un homme politique porte plainte. Ce peut-être à titre personnel, ou bien pour défendre un propos, une prérogative ou encore parce que l'intéressé considère subir une atteinte ou un préjudice.

Dernièrement, c'est le propos de l'ineffable Zemmour qui a été visé. Il faut dire que celui-là fait recette en la matière, parti sans doute pour l'emporter au hit-parade des doléances.

Il aurait dit que "Trappes est une ville musulmane".

On se souvient qu'existe une polémique à propos de cette ville où vit une forte minorité musulmane. En particulier, un professeur de philosophie se sentait menacé et avait suscité un débat.

On peut évidemment n'être pas d'accord avec le propos du polémiste. On peut même y retrouver un de ses thèmes de prédilection, comme sa "patte". Il use du sens de la formule et affectionne de faire court de manière allusive. Que signifie en effet sa remarque ? Il se garde bien de l'expliciter et là réside son "art" de la provocation.

Le maire de Trappes, Ali Rabeh, a décidé de porter plainte.

Mieux vaudrait savoir précisément pourquoi, à quel propos. S'il s'agit de la phrase citée, c'est assez curieux. "Musulman" serait-il devenu une insulte ? Ou encore, si le grief est qu'une ville soit trop influencée par une partie de la population, tout dépend des conséquences que l'on en tire.

Le maire aurait motivé son action par le préjudice pour la ville et ses habitants, arguant en particulier d'un risque des dévalorisation (du prix) des habitations. 

Est-il vrai que l'occupation de quartiers par telle ou telle communauté entraîne la dévalorisation des immeubles ? Si oui, le fait de le dire est-il coupable ? Peut-on, doit-on s'en plaindre et pourquoi ?

Cocasse tout de même qu'un maire dont le nom et le prénom évoquent une origine maghrébine (ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il soit musulman, encore que cela ne concerne que lui) porte plainte pour une qualification de "musulman".

Il me semble par ailleurs que "musulman" signifie "croyant", ou "homme de foi". Une insulte ?

La mise en cause résulte des connotations associées à l'image brandie, bien plus qu'à un propos explicite et clairement tenu. 

Alors, faut-il aller en justice parce qu'on se sent provoqué ? L'arène politique occasionne par nature les débordements. Les mises en cause y sont légitimes tout en pouvant passer les bornes.

Demander au juge de trancher sur la licéité alors qu'il s'agit de bienséance ou de malséance revient à vouloir tout judiciariser. Ce dont on se plaindra ensuite.

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