Agitation

La politique ressemble de plus en plus à l'univers audiovisuel.

Du reste, ce dernier invite volontiers non seulement les titulaires, mais aussi tous les remplaçants.

Il faut se faire voir, au lieu d'aller se faire voir, de préférence ailleurs.

Du temps de la presse écrite, la temporisation s'imposait. Car il fallait écrire, imprimer, distribuer, lire. Qui plus est, l'accès aux colonnes dépendait des décideurs de la presse. Un filtre nécessaire, s'il s'agit de véritables journalistes. 

La une devait racoler, mais il fallait faire sérieux, vérifier l'information, et donc ses sources.

Certes, la standardisation a commencé avec les agences qui diffusaient les informations, bientôt reprises par les journaux. De nos jours, c'est la une permanente, avec surenchère.

Du coup, le personnel politique est à l'affût de studios, tribunes et émissions où il puisse s'exhiber.

Notre génie national ressemble de plus en plus à un excité, prêt à tout pour qu'on le voie, qu'on parle de lui, qu'on l'entende. Derrière lui, les groupies font la claque, tentant de monter sur scène dès que possible.

L'ineffable Marlène se met au verlan, sans doute parce qu'elle préfère l'envers à l'endroit.

Les faits divers font des feuilletons faciles, de sorte qu'on ressort les mêmes de temps à autre, en feignant (je devrais dire fainéant) d'avoir du nouveau. Au tourniquet, Fourniret, Dupont de Ligonès, ou encore Monique Olivier qui, finalement, sort volontiers de sa réserve. Si le mystère fait recette, la police devient l'objet d'une complainte oscillant entre aversion et pitié, ou commisération.

La rubrique des annonces est intégralement occupée par la pandémie, et les alerteurs ont toujours des strapontins d'où ils lancent les avertissements.

On chipote sitôt les promesses et annonces faites : ce sera seulement si tout va bien. En attendant, on s'en fiche, avec TousAntiCovid. Qu'avez-vous à déclarer deviendra la question à la mode, et l'on vérifiera par QR code sur votre mobile, cependant que vous, vous serez immobilisé ; sous peine d'amende.

Du coup, avec cette course aux échalottes, c'est la recherche de sécurité qui fait recette. 

Il faudrait peut-être se calmer, en effet, et cesser de tirer sur tout ce qui bouge.