Propagande

Aujourd'hui, on pensera sans doute au discours de la Russie officielle donnant sa vision d'une guerre qui ne doit pas en être une. Tout comme on disait, il y des années en France, "les évènements" pour nommer ce que fut la guerre d'indépendance de l'Algérie.

Mais il est sans doute d'autres formes de propagande que je ne trouve pas moins répréhensibles.

Ces actualités télévisuelles rituelles se concluent ce jour-là (jeudi 5) par un reportage sur la cueillette de fleurs jaunissant des champs sortis il y a peu de la neige. Entre narcisses, primevères et autres, les couleurs sont de sortie dans un vert champêtre luminescent.

On voit l'homme courir, poussant la machine de sa conception, s'arrêtant tout les 30 mètres pour collecter les fleurs qui seront vendues à des parfumeurs, 1 euro le kilo. Essoufflé, il dit en plaisanterie que c'est bon pour le cœur. Le champ est en pente, dans ces espaces restés libres. 

Avec un peu de persévérance, la collecte devrait atteindre les 400 kg.

Et la commentatrice de conclure au merveilleux "cadeau du printemps".

Combien de temps, de travail pour ramasser ces 400 kg, les empaqueter, les porter, et le tout pour gagner 400 euros. Encore faudrait-il tenir compte des frais, charges et peines nécessaires.

La crétine de journaliste a-t-elle la moindre idée de la démesure entre sa manière à elle de "gagner" 400 €, et ce qu'on nous a montré. Le "cadeau du printemps" ? Ou l'incroyable obstination humaine (chez certains) à produire sans compter pour glaner une occasion dont ils ne peuvent sans doute se priver ?

D'un côté la connerie suffisante et pseudo-poétique, de l'autre la polyactivité qui permet de (sur)vivre dans des régions où l'on gagne à la force de son activité.

Faut-il d'autres exemples pour mesurer l'écart (il faudrait d'autres termes) entre une vision que l'on dit "urbaine" et une expérience rurale, ou apparentée ? L'idiote méconnaît que sa cueillette dépend du maintien en l'état de terrains où n'œuvrent plus que des fous qui ne peuvent se passer de quatre sous.

On s'étonnera de l'écart entre villes et campagnes, habitants des cités et des campagnes, ou encore entre monde virtuel et monde réel. 

C'est bien une propagande que de distiller en manière de reconnaissance amusée et joyeuse une vision totalement erronée de la vie et du travail des gens qui ne se posent pas de question pour faire.

Se plaindre des technocrates est une chose. Méconnaître comment ils ne sont que le sommet d'un iceberg d'un monde convenu qui méconnaît les réalités revient à faire que les dirigeants dispensent leurs supporters de la responsabilité de la "collaboration" qui justifie leur incurie obstinée dans un pseudo-savoir.

Pour autant, cueillez à votre gré les fleurs des champs, "cadeau du printemps", du moins tant que les champs ne seront pas clos !