Le pire d'entre tous

J'aurais pu dire : le plus c.. de tous. Mais ça pouvait faire jaser.

Il ne s'agit ici que de définir la démocratie, que notre occidentalité nous impose d'aimer et défendre.

Naturellement, on pourrait envisager bien des définitions, des plus savantes aux plus triviales. Reconnaissons la complexité de la chose. En tout cas, il est de bon ton de se montrer à l'unisson pour soutenir ce que Churchill désignait comme "le pire des régimes, à l'exception de tous les autres".

Si l'on entend que tout citoyen a le droit de vote, alors force devient d'accepter que son propre vote et celui de qui l'on affectionne ne vaut pas plus ni mieux que celui du plus c.. !

Chacun reste libre de choisir le c.. de son choix, de le vilipender, le honnir, le dénoncer. La démocratie conduit seulement à accepter qu'au choix de l'ensemble chacun doive se plier et que nulle (prétention à l') intelligence n'ait priorité, ni poids ni valeur particuliers.

Voyez cet écolâtre que l'on eût pu juger sympathique sur la mine qui disait naguère la sélection à faire pour que le citoyen ait un droit de vote éclairé. Bien entendu, le bonhomme se dit de "gôche" et pas seulement écolâtre ni végan. Un éducateur né : un tyran ordinaire !

Voilà bien une difficulté où achoppe l'ambition démocratique. Accepter que l'avis de chacun s'équivale.

Faut-il y voir la porte ouverte à l'inconséquence ou la preuve d'un fonctionnement impossible ?

C'est comme si nous ne pouvions, chacun, formuler un avis, un sentiment, une réaction sur des choses qui nous dépassent, que notre compréhension a du mal à cerner, ni avoir une inclination pas forcément dénuée de sens au seul motif que nous ne saurions en argumenter le fondement.

Sans comprendre toute les nuances d'un propos, d'un discours, d'une thèse, on peut se former un sentiment sur celui qui le tient, et présumer l'existence d'autres facettes de la réalité que l'intéressé n'éclaire pas.

On peut aussi être frappé par des points de vue qui nous éclairent, ou correspondent à un sentiment ou une expérience dont on ne sait pas toujours dire les contours ni la consistance. 

Qui n'a trouvé dans une lecture une illumination en lisant bien formulée une considération que l'on n'aurait pas su exprimer alors que l'on s'y reconnaît ? 

Avons-nous toujours su ce que nous croyons connaître aujourd'hui ? Pour autant, s'est-on fourvoyé du seul fait de sa méconnaissance, sa naïveté ou un excès de confiance comme de scepticisme ?

Au fond, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen devrait proclamer le droit à la connerie afin que les supposés "sachant" ne s'imaginent pas avoir à éduquer, ni expliquer à, ceux qu'ils tiennent pour des ânes.

Droit de vivre, droit de dire, droit de penser, droit de ressentir, droit d'éprouver sont aussi indissociables qu'est nécessaire une communauté pour vivre, puisque nous sommes des animaux sociaux, que l'on croit parfois grégaires.

Cependant, vivre ces droits en paix de sorte que les choix du moment ne nous violentent pas lorsqu'ils nous sont contraires, voilà sans doute une partie délicate de ce choix démocratique.