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Un auteur pour du rire (plus ou moins jaune)

L'arrêt-maladie

3 Octobre 2022 , Rédigé par Edgard Thouy

On connaissait l'arrêt-buffet, devenu obsolète, et voici une autre manière de se rétablir.

Qui ne s'est, un jour ou l'autre, révolté contre l'augmentation du nombre d'arrêts-maladie ? Toujours la même histoire, d'ailleurs : Il y a ceux qui "en profitent", et les pauvres victimes honnêtes.

Alors que je m'élevais moi-même contre cet abus, un ami médecin me fit une remarque simple : "Une demande d'arrêt maladie n'est pas un signe de santé".

Voilà qui suffisait à m'inviter à réfléchir un peu.

Le congé-maladie est un progrès social, mais aussi une novation qui met en suspens l'obligation ordinaire.

Le fait est qu'il résulte d'une prescription d'un médecin. S'il y a abus, il faut chercher là ce que peuvent être les causes. La réflexion suppose de s'associer à l'expérience des médecins-prescripteurs. Quelles sont les situations qu'ils rencontrent les conduisant à prescrire ainsi ? S'agit-il d'un état de maladie ?

Derrière les convenances personnelles qu'attend éventuellement quelqu'un, qu'est-ce qui le conduit à vouloir se mettre en marge, en suspens ? Un concours de circonstances ? Une occasion ? Un flou envahissant ? Un vague à l'âme ? Un doute quant à sa propre activité ? Que sais-je encore... ?

Le médecin se sent-il disposer de sa liberté de prescrire ? Est-il en capacité de dire non, s'il le juge nécessaire, de proposer une alternative ? Et laquelle ? La prescription constitue-t-elle un soin ? Une mesure de protection ? Contre quoi alors ?

Prendre le temps de comprendre pourrait évidemment modifier la pratique de la consultation toutes les quinze minutes, voire dix. Un praticien peut-il encore adapter le temps d'une consultation à la situation dont il devrait découvrir les enjeux ?

De manière plus globale, si la tendance est à l'accroissement, le phénomène ne se résume pas à traquer qui abuse. Tout comme on voit s'accroître le nombre de russes aux frontières pour ne pas faire la guerre, l'envie de se faire porter pâle comporte vraisemblablement des enjeux, du sens, voire un dommage ou une crainte.

On peut évidemment se demander si les médecins sont à la hauteur de la médecine, et si, devenant sociale, la médecine ne s'éloigne pas de son objet. Il se pourrait que cette affaire de "congés-maladie" constitue une sorte d'arbitrage aveugle. Autant dire qu'il faudrait découvrir de quel match il s'agit.

Chacun peut à bon droit s'interroger sur l'endroit où il ne veut pas être. Reste à passer de la commodité de l'instant à un regard plus distancé sur les conditions de sa vie. Le médecin peut-il encore oeuvrer autrement qu'à court terme ?

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